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Martial Ansart ancien mineur et figurant |
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Victor Mahieu, photographe et cinéaste |
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Exposition de photos dans la salle Marguerite.
Photographies de Victor Mahieu pendant le tournage des films "Moi Louis, enfant de la mine" et "ma vie, la mine".
lien vers le site de Victor Mahieu, photographe professionnel : http://www.mahieu-photos.com/
Projection du film "Ma vie, la mine".
Présence et participation de Martial Ansart , ancien mineur et organisateur d'exposition sur la mine.
Discours de Monsieur le Maire :
Beaucoup
d’émotion après la projection de ce film de grande qualité.
Merci
Victor Mahieu d’avoir permis de remettre dans notre mémoire
collective ce qu’était la vie des mineurs, de nos mineurs qui ont
permis à notre secteur une activité industrielle essentielle et
permis le développement de notre bassin minier.
Je
souhaiterai évoquer aujourd’hui devant vous le devoir
de mémoire que nous devons avoir.
Ce
terme désigne un devoir moral qui entretient le souvenir des
souffrances subies dans le passé par certaines catégories de
populations.
L'oubli
ouvre la porte à l'incrédulité, à la banalisation.
Or,
la majorité des personnes, à de rares occasions près, est souvent
enclin à oublier par paresse intellectuelle, voire à faire somnoler
sa conscience par souci de tranquillité.
Nous
avons en tant que citoyen le devoir moral de combattre la nonchalance intellectuelle, le conformisme permissif voire le révisionnisme
latent.
Quelques
désuètes parfois que puissent sembler les manifestations comme
celles de ce soir, elles ne sont que l'aspect extérieur du devoir de
chacun à relire son histoire.
Nous,
qui avons encore la chance de vivre dans des pays où subsiste un
équilibre des pouvoirs démocratiques, avons le devoir moral de
préserver l'histoire et la vérité.
La
vie du mineur de fond mérite plus que d'être connue ou
reconnue, c'est un véritable devoir de mémoire que nous
nous devons d'entretenir...
Ces
mineurs de fond que l'on a surnommé les " gueules noires "
assuraient la vie de leur famille au prix de la leur, car ils étaient
réguliérement emportés par les accidents
Souvenons
nous : Courrières : la catastrophe la plus meurtrière de
l'histoire de la mine ! le samedi 10 mars 1906 qui a fait
officiellement 1 099 morts.
Plus
prés de nous le 27 décembre 1974 à Liévin à la fosse 3 dite
Sainte Amé un coup de poussière et un bilan 42 morts.
Ou
alors la mort les guettaient par le biais de la silicose, maladie
mortelle et irréversible provoquée par les inhalations de
poussières de charbon que nous connaissons malheureusement tous.
La
vie que ces gens ont menée, voire que d'autres mènent encore dans
d'autres pays, est quasiment indescriptible.
De
nombreuses associations entretiennent la mémoire, le souvenir, mais
ce doit être aussi, au même titre que bien d'autres choses un réel
" devoir de mémoire " pour nous tous.
Et
je remercie chaleureusement Martial Ansart et Victor Mahieu de nous
avoir fait découvrir en images et de rappeler en détail la vie à
la mine.
C'est
maintenant à chacun d'essayer, à sa manière, de garder en soi une
approche de la vie à la mine, de la vie du mineur de fond, qui sera
certainement différente pour tous ... mais qu’il ne faut pas
oublier car il fait partie de notre patrimoine, de notre culture !
Le
27 décembre 1974, à 6h30 du matin, un bruit sourd retentit au fond
d'une galerie de la fosse 3 dite Saint-Amé du Siège 19 du groupe de
Lens-Liévin à Liévin (Pas-de-Calais). Très vite, les autorités,
les mineurs et leurs familles prennent conscience de la gravité
potentielle de l'événement : pour tout le monde et avant même que
la chose soit confirmée, il s'agirait d'un "coup de poussière",
c'est-à-dire l'inflammation du poussier (poussières de charbon en
suspension) à la suite d'un coup de grisou, certes limité, mais qui
joue le rôle de détonateur. Et immédiatement, la terrible
catastrophe dite "de Courrières " de mars 1906 qui avait
entraîné le décès de 1 099 mineurs revient en mémoire de tous
les présents.
Le
carreau de la mine se trouve bientôt envahi par les proches en quête
d'une quelconque information. On cherche en premier lieu à savoir à
quel endroit exactement s'est produite la catastrophe : c'est un
quartier de Six sillons qui a été touché, situé à 50 mètres en
aval du niveau - 70, dans le secteur de la taille 31 qui allait être
mise en exploitation. On en déduit vite le nombre de mineurs de fond
potentiellement concernés, estimé à une quarantaine, dont le
pronostic vital est engagé : au fond, l'explosion dégage une
chaleur intense et consume tout l'oxygène disponible. Dans
l'immédiat, il est cependant impossible de descendre porter secours
aux éventuels survivants, en raison de la teneur en gaz encore
présente dans l'atmosphère confinée de la mine (ce qu'un témoin
résume d'un rapide "ça pue là-bas").
Les
mineurs employés sur les tailles voisines sont bien vite mobilisés
pour les secours mais leur aide demeure limitée. Ils n'en sont pas
moins assaillis par les épouses et les proches des mineurs absents :
on donne un nom, on demande des détails, on espère encore que le
père, le mari, le fils en a réchappé. Il leur faut aussi sacrifier
aux exigences de la télévision qui réclame leur témoignage, même
s'ils n'ont pas grand-chose de précis à dire.
Vient
ensuite le temps des explications techniques : l'ingénieur, pressé
par la forêt de micros, confirme qu'il s'agit d'un coup de poussière
et que le bilan (42 morts) est bien lourd. Il s'agit, dit-il, d'un
"accident" ou plutôt d'une "catastrophe". Déjà
à Liévin à la fosse 3 il y avait eu 9
morts en 1945,
puis 10 dans un coup de grisou en 1957, et encore 21 à la fosse 7 en
1965. Mais là il s'agit bien de la plus importante depuis
"Courrières".
L'arrivée
en voiture du juge Pascal, de permanence ce jour là à Béthune et
donc chargé d'instruire l'affaire, annonce les suites judiciaires.
Le
montage du reportage enfin amplifie la dimension tragique de
l'événement : débutant par le passage d'une civière recouverte,
rythmé par l'angoisse des présents dans le vent et les bruits de
tôle, il se termine par l'annonce d'un décès et le silence d'une
lampisterie.
Dans
les heures qui vont suivent, le ministre de l'Industrie, Monsieur
D'Ornano, se rend sur les lieux et annonce qu'une enquête sera
diligentée. De son côté, Monsieur Cuvelette chef de production du
siège 19, commence à mettre en doute le simple coup de poussière,
le chantier étant à l'arrêt depuis quatre jours, seul un coup de
grisou a pu enflammer le poussier. La thèse de la fatalité si
longtemps invoquée dans les accidents et les catastrophes minières
va vite être contestée. Le 28 décembre, Achille Blondeau,
secrétaire général de la fédération CGT du sous-sol annonce
un arrêt de travail
en hommage aux victimes (il sera suivi dans toutes les Houillères de
France) tout en souhaitant la prise de mesures pour que les
conditions d'hygiène et de sécurité soient respectées (sous
entendu même pour les fosses qui vont connaître une fermeture
prochaine) ; au lendemain des funérailles, la CGT, et FO se
porteront partie civile.
Le
31 décembre, lors de la cérémonie officielle des funérailles des
victimes, le Premier ministre Jacques Chirac promet aux mineurs que
"toute la lumière sera faite sur cette catastrophe, toutes les
conséquences en seront tirées".
Assez
rapidement, des faits de négligence vont apparaître dans l'enquête
qui mettra en cause l'absence de contrôle de grisoumétrie. Le coup
de grisou sera confirmé par les expertises.
La bataille juridique qui durera jusqu'en 1981
se soldera par la condamnation, pour la première fois, d'une
entreprise publique.
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