lundi 27 octobre 2014

Martial Ansart ancien mineur et figurant

Victor Mahieu, photographe et cinéaste

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Exposition de photos dans la salle Marguerite. 
Photographies de Victor Mahieu pendant le tournage des films "Moi Louis, enfant de la mine" et "ma vie, la mine". 
lien vers le site de Victor Mahieu, photographe professionnel : http://www.mahieu-photos.com/
Projection du film "Ma vie, la mine". 
Présence et participation de Martial Ansart , ancien mineur et organisateur d'exposition sur la mine. 
Discours de Monsieur le Maire : 
Beaucoup d’émotion après la projection de ce film de grande qualité.

Merci Victor Mahieu d’avoir permis de remettre dans notre mémoire collective ce qu’était la vie des mineurs, de nos mineurs qui ont permis à notre secteur une activité industrielle essentielle et permis le développement de notre bassin minier.

Je souhaiterai évoquer aujourd’hui devant vous le devoir de mémoire que nous devons avoir.

Ce terme désigne un devoir  moral qui entretient le souvenir des souffrances subies dans le passé par certaines catégories de populations.
L'oubli ouvre la porte à l'incrédulité, à la banalisation.
Or, la majorité des personnes, à de rares occasions près, est souvent enclin à oublier par paresse intellectuelle, voire à faire somnoler sa conscience par souci de tranquillité.
Nous avons en tant que citoyen le devoir moral de combattre la nonchalance intellectuelle, le conformisme permissif voire le révisionnisme latent.
Quelques désuètes parfois que puissent sembler les manifestations comme celles de ce soir, elles ne sont que l'aspect extérieur du devoir de chacun à relire son histoire.
Nous, qui avons encore la chance de vivre dans des pays où subsiste un équilibre des pouvoirs démocratiques, avons le devoir moral de préserver l'histoire et la vérité.
La vie du mineur de fond mérite plus que d'être connue ou reconnue, c'est un véritable devoir de mémoire que nous nous devons d'entretenir...
Ces mineurs de fond que l'on a surnommé les " gueules noires " assuraient la vie de leur famille au prix de la leur, car ils étaient réguliérement emportés par les accidents
Souvenons nous : Courrières : la catastrophe la plus meurtrière de l'histoire de la mine !  le samedi 10 mars 1906 qui a fait officiellement 1 099 morts.
Plus prés de nous le 27 décembre 1974 à Liévin à la fosse 3 dite Sainte Amé un coup de poussière et un bilan 42 morts.
Ou alors la mort les guettaient par le biais de la silicose, maladie mortelle et irréversible provoquée par les inhalations de poussières de charbon que nous connaissons malheureusement tous.
La vie que ces gens ont menée, voire que d'autres mènent encore dans d'autres pays, est quasiment indescriptible.

De nombreuses associations entretiennent la mémoire, le souvenir, mais ce doit être aussi, au même titre que bien d'autres choses un réel " devoir de mémoire " pour nous tous.
Et je remercie chaleureusement Martial Ansart et Victor Mahieu de nous avoir fait découvrir en images et de rappeler en détail la vie à la mine.
C'est maintenant à chacun d'essayer, à sa manière, de garder en soi une approche de la vie à la mine, de la vie du mineur de fond, qui sera certainement différente pour tous ... mais qu’il ne faut pas oublier car il fait partie de notre patrimoine, de notre culture !


Le 27 décembre 1974, à 6h30 du matin, un bruit sourd retentit au fond d'une galerie de la fosse 3 dite Saint-Amé du Siège 19 du groupe de Lens-Liévin à Liévin (Pas-de-Calais). Très vite, les autorités, les mineurs et leurs familles prennent conscience de la gravité potentielle de l'événement : pour tout le monde et avant même que la chose soit confirmée, il s'agirait d'un "coup de poussière", c'est-à-dire l'inflammation du poussier (poussières de charbon en suspension) à la suite d'un coup de grisou, certes limité, mais qui joue le rôle de détonateur. Et immédiatement, la terrible catastrophe dite "de Courrières " de mars 1906 qui avait entraîné le décès de 1 099 mineurs revient en mémoire de tous les présents.
Le carreau de la mine se trouve bientôt envahi par les proches en quête d'une quelconque information. On cherche en premier lieu à savoir à quel endroit exactement s'est produite la catastrophe : c'est un quartier de Six sillons qui a été touché, situé à 50 mètres en aval du niveau - 70, dans le secteur de la taille 31 qui allait être mise en exploitation. On en déduit vite le nombre de mineurs de fond potentiellement concernés, estimé à une quarantaine, dont le pronostic vital est engagé : au fond, l'explosion dégage une chaleur intense et consume tout l'oxygène disponible. Dans l'immédiat, il est cependant impossible de descendre porter secours aux éventuels survivants, en raison de la teneur en gaz encore présente dans l'atmosphère confinée de la mine (ce qu'un témoin résume d'un rapide "ça pue là-bas").
Les mineurs employés sur les tailles voisines sont bien vite mobilisés pour les secours mais leur aide demeure limitée. Ils n'en sont pas moins assaillis par les épouses et les proches des mineurs absents : on donne un nom, on demande des détails, on espère encore que le père, le mari, le fils en a réchappé. Il leur faut aussi sacrifier aux exigences de la télévision qui réclame leur témoignage, même s'ils n'ont pas grand-chose de précis à dire.
Vient ensuite le temps des explications techniques : l'ingénieur, pressé par la forêt de micros, confirme qu'il s'agit d'un coup de poussière et que le bilan (42 morts) est bien lourd. Il s'agit, dit-il, d'un "accident" ou plutôt d'une "catastrophe". Déjà à Liévin à la fosse 3 il y avait eu 9 morts en 1945, puis 10 dans un coup de grisou en 1957, et encore 21 à la fosse 7 en 1965. Mais là il s'agit bien de la plus importante depuis "Courrières".
L'arrivée en voiture du juge Pascal, de permanence ce jour là à Béthune et donc chargé d'instruire l'affaire, annonce les suites judiciaires.
Le montage du reportage enfin amplifie la dimension tragique de l'événement : débutant par le passage d'une civière recouverte, rythmé par l'angoisse des présents dans le vent et les bruits de tôle, il se termine par l'annonce d'un décès et le silence d'une lampisterie.
Dans les heures qui vont suivent, le ministre de l'Industrie, Monsieur D'Ornano, se rend sur les lieux et annonce qu'une enquête sera diligentée. De son côté, Monsieur Cuvelette chef de production du siège 19, commence à mettre en doute le simple coup de poussière, le chantier étant à l'arrêt depuis quatre jours, seul un coup de grisou a pu enflammer le poussier. La thèse de la fatalité si longtemps invoquée dans les accidents et les catastrophes minières va vite être contestée. Le 28 décembre, Achille Blondeau, secrétaire général de la fédération CGT du sous-sol annonce un arrêt de travail en hommage aux victimes (il sera suivi dans toutes les Houillères de France) tout en souhaitant la prise de mesures pour que les conditions d'hygiène et de sécurité soient respectées (sous entendu même pour les fosses qui vont connaître une fermeture prochaine) ; au lendemain des funérailles, la CGT, et FO se porteront partie civile.
Le 31 décembre, lors de la cérémonie officielle des funérailles des victimes, le Premier ministre Jacques Chirac promet aux mineurs que "toute la lumière sera faite sur cette catastrophe, toutes les conséquences en seront tirées".
Assez rapidement, des faits de négligence vont apparaître dans l'enquête qui mettra en cause l'absence de contrôle de grisoumétrie. Le coup de grisou sera confirmé par les expertises. La bataille juridique qui durera jusqu'en 1981 se soldera par la condamnation, pour la première fois, d'une entreprise publique.



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