dimanche 10 mai 2015

Article de presse "La Voix-du-Nord : 70 ans après, Max Lallau va marcher sur les traces de son père

Ce dimanche 26 avril, à l’occasion du 70e anniversaire de la libération des camps, une cérémonie reviendra sur le destin de Jules Lallau, né à Sains, déporté par le train de Loos et mort à Bergen-Belsen. L’un de ses fils, Max, qui vit aujourd’hui dans le Vaucluse, sera présent pour achever son « marathon » de mémoire familiale.

IMG_5912.JPG
Il n’avait pas six ans quand son père a été arrêté par les Allemands le 22 juillet 1944, pour avoir secouru et tenté de cacher un pilote britannique. La routine ou presque pour Jules Lallau, mécano des fours à coke de Nœux, membre du réseau de résistants Samson. Un brave. « Je me souviens, le premier pilote que j’ai vu, il l’avait amené chez nous un soir, raconte Max, 77 ans aujourd’hui. Un Texan. Il y a eu un Canadien. Puis un autre Américain, de l’US Air Force... » Le quatrième fut le dernier. Interné à la prison de Loos, Jules Lallau fera partie du « train de Loos » et sera déporté à Bergen-Belsen. La suite ? On ne peut que l’imaginer : il n’est jamais revenu. En 1945, à la libération, Max a 7 ans, sa sœur 5 ans et le dernier à peine 2 ans.

Dégâts collatéraux

« On nageait dans le flou artistique, il y avait tant de disparus. Le problème, c’est que tant qu’on est disparu, eh bien, on n’est pas mort ; et tant qu’on n’est pas mort, il n’y a pas de veuve... Ma mère ne recevait rien. Pendant des mois, j’ai accompagné ma pauvre mère, chaque jeudi au Palais Saint-Vaast à Arras, et à chaque fois on lui répondait Ecoutez madame, pour l’instant, il est disparu !... » En 1947, Jules Lallau est, enfin, déclaré Mort pour la France ; ses enfants deviennent pupilles de la Nation. Un petit subside est octroyé. N’empêche, la famille est démunie. « Ma mère travaillait le jour, faisait des travaux de couture la nuit... Elle avait 27 ans quand mon père a été arrêté. Vous savez, il n’est pas question d’apitoyer qui que ce soit mais... » Mais 70 ans après, Max a encore la voix qui tremble quand il évoque son « indignation de voir que l’État n’a pas été en mesure d’aider une pauvre femme et ses enfants. Et tous les autres... » Les « dégâts collatéraux » comme on dit à la guerre.
Le 11 novembre 1955, Jules Lallau est élevé au rang de héros : Légion d’honneur, Croix de guerre avec palme, médaille de la résistance... une prise d’armes est organisée sur la place des Héros à Arras. Trop tard pour sa veuve, morte un an plus tôt. C’est Max, alors âgé de 17 ans, qui reçoit les décorations sous les yeux de Guy Mollet, maire d’Arras. « On m’avait dit Faudra serrer les dents ! Je n’ai pas versé une larme, je n’ai rien montré, rien ! Tout ce tremblement alors que ma mère était morte d’épuisement à 37 ans... »
Depuis, devenu arrière-grand-père, il n’a eu de cesse de chercher à savoir. « Ce n’est qu’en janvier 2008 que j’ai appris ce qui était arrivé à mon père les derniers jours. J’en ai été heureux et malade. Un choc ! » C’est dire l’émotion qui sera la sienne ce dimanche 26 avril : une rue pour son père, une exposition... « Ça sera sans doute douloureux... Mais je pourrai enfin dire que j’ai achevé mon marathon... »
Ce dimanche 26 avril. Max Lallau vit dans le Vaucluse. Après une carrière militaire dans la Marine et comme pilote, il a travaillé pour la Préfecture du Nord, puis pour celle du Pas-de-Calais avant d’obtenir sa mutation dans le Sud. Très investi dans le travail de mémoire familiale, il a écrit, avec sa fille, un blog très documenté sur le parcours de son père (http://juleslallau.canalblog.com/). En septembre, il est revenu dans la région pour le 70e anniversaire du départ du train de Loos. Ce dimanche, une soixantaine de personnes (enfants, petits-enfants et arière-petits enfants de Max Lallau, ainsi que des amis) venues du Vaucluse seront à Sains. Le maire d’Acq, où Jules Lallau et son épouse avaient emménagé après leur mariage, sera également présent.
La cérémonie. Il ne s’agit pas à vraiment d’un baptême de rue puisque la rue Jules-Lallau existe déjà dans la commune, mais d’une mise à l’honneur pour le 70e anniversaire de la libération des camps. Une exposition est installée salle Marguerite, et le nom de Jules Lallau, qui ne figurait pas sur le monument aux morts, y a été ajouté vendredi.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire